La Tzigane et l'affreux mi

La Tzigane ayant chanté
Tout l'Eté,
Se trouva fort dépourvue
Quand le silence fut venu.
Pas la moindre inspiration
De mélodie ou de chanson.
Elle alla faire vibrer sa glotte
Chez l'affeux mi, la fausse note,
Le priant de lui souffler
Quelque grain de son inventivité
Jusqu'à la saison prochaine.
Je vous paierai pour la peine.
Avant tout, le rythme musical,
l'intérêt est principal.
L'affreux mi n'est pas idiot;
il est cassé, pas anéanti.
"Qu'en faisiez-vous sans tempo?
Répondit-il à la félonie.
-- Nuit et jour à tout venant
Je le chantais, ne vous déplaise,
Jusqu'à ce que le bon son
En moi, viennent se faire raison.
-- Vous le chanterez? j'en suis fort aise.
Eh bien! allez danser en attendant.
Quand la mélodie se fera jour,
Que j'irai la porter haut et court,
Vous aurez alors tout loisir
De briller au son de la lyre.

L'existence peut reprendre ce qu'elle a prêté ,
   Sauf l'inspiration première au fond des yeux.
  Si le corps connait des faiblesses et des creux,
La valeur d'une Vie ne tient pas à sa bonne santé.


© copyleft : AB40V, Lausanne - directement inspiré de M. Jean de la Fontaine